En 1962 Malick Sidibé ouvre son studio. Dans le tout jeune État malien, révolutionnaire et ambitieux, tout est a photographier. Écrire l’Histoire en photographies. C’est en capturant l’essence de la vie, du studio, quartier bagadadji, aux lieux de rencontres (bars, clubs de jeunes), sous le rythme du rock’n’roll, de la soul et du cubain que Malick Sidibé dépose sa marque de fabrique. La musique est importante. Libératrice, elle mue les tabous en effets recherchés : danser avec une jeune femme devient soudainement possible et Sidibé est là pour capturer ce moment de basculement.
« L’oeil de Bamako » comme il est surnommé utilise le noir et blanc pour témoigner de l’effervescence de cette jeunesse malienne, haute en couleur, urbaine, à cheval entre modernité et tradition. A travers la classe moyenne, les jeunes et les femmes, catalyseurs de l’african pop culture, Malick Sidibé nous transporte dans le pittoresque Mali post-indépendance, bousculé par les changements sociaux et culturels. Contrairement à son confrère et homologue, Seydou Keïta, lui Sidibé l’hyperactif sort de son studio, pour rencontrer les citadins et ainsi devenir le père des rues de Bamako.
Figure incontournable de la photographie contemporaine, le fils de paysan, Malick Sidibé s’est éteint, mais laisse derrière lui une œuvre monumentale et intemporelle.
La photographie est plus sûre que l’écriture. C’est une langue universelle. C’est un héritage et les gens auront besoin de l’histoire pendant des années encore. Ce que je conseillerais aux jeunes, c’est : « présentez le vrai visage de l’Afrique, de vos frères, parce que le monde ne finit pas maintenant.




» Les deux amoureux devant leurs villas » (1977)

» Taximan avec voiture » (1970)