Présidents africains à la mobilisation républicaine à Paris, pourquoi une telle indignation?

L’indignation face à l’attitude hypocrite et irresponsable des dirigeants africains est palpable à travers les médias du continent et les réseaux sociaux. Leur présence à la marche républicaine pour Charlie Hebdo démontre une fois de plus, une fois de trop, que le sort de leur population ne constitue pas une priorité politique. La réactivité et la solidarité qui les anime face aux attentats à Paris fait contraste à l’indifférence et l’immobilisme qu’ils affichent face aux horreurs qui se produisent quotidiennement sur le continent. Comment expliquer une telle attitude?

La marche Républicaine est admirable dans la leçon de solidarité et d’unité qu’elle donne au monde entier. L’espace d’un jour, Paris s’est transformée en «capitale du monde», vers laquelle les yeux étaient rivés et les prières adressées. Une solidarité internationale historique a laquelle les dirigeants politiques africains n’ont pu s’empêcher de se joindre.

Une participation hautement critiquée pour plusieurs raisons:

Ils étaient six chefs d’État, un premier ministre et trois ministres des affaires étrangères africains a communier avec leurs homologues français et européens dans le recueillement et la marche contre le terrorisme. A tour de rôle, ils ont exprimés leur compassion et condoléances aux familles des victimes tout en affirmant leur attachement aux valeurs universelles des droits humains ainsi que leur engagement solennel au combat contre le terrorisme. Comment osent-ils se mobiliser de la sorte quand le continent connait des massacres quotidiens dans la plus grande indifférence? Comment s’indignent-ils quand aux abords de leurs frontières des milliers de vies sont arrachées dans la plus grande impunité? Lorsqu’ils assistent impuissant à la tragédie humaine qui se produit au Congo? Quand des groupes terroristes comme Boko Haram gagnent un peu plus de terrain tous les jours sans la moindre opposition politique? Lorsque simultanément, dans le plus grand silence meurtrier le Nigéria connaissait l’attaque la plus violente de Boko Haram avec environ 2000 morts. Qui sont ces dirigeants qui, aveugles aux malheurs du continent, font l’apologie d’une hiérarchisation des morts dans laquelle leurs peuples sont au bas de l’échelon.

«Une solidarité de la honte» lorsque IBK, président malien s’aligne aux côtés de François Hollande et Benjamin Netayahu. Une place de choix qui lui est accordé pour des raisons politiques évidentes. Un Président malien, symbole de l’engagement français pour la lutte contre le terrorisme, à travers l’opération Serval. Le sahel et plus précisément le nord du Mali restent pour autant un terrain fertile pour Al Quaida au Maghreb islamique en raison de la précarité et l’extrême pauvreté.

«Une présence indigne» pour qualifier la participation du président nigérien Mahamadou Issouffou lorsque à la frontière même du Niger et du Nigéria, dans la ville de Baga prennait place mercredi la plus grande atrocité avec au compteur 2000 morts et une ville complètement anéantie. Toujours dans l’inaction et l’indifférence totale des dirigeants. Débordés par le terrorisme et les questions internes, il ne sait où donner de la tête. Peut-être que sa présence à la marche, en réitérant l’amitié historique du Niger vaudra l’aide précieuse de la France?

«l’excès de zèle» de Boni Yayi qui non content de faire le déplacement vers Paris décrète une journée de deuil national pour honorer la mémoire des 20 victimes des attentats de Paris. Quel étonnement pour le peuple béninois de constater l’attachement que porte le Président, visiblement ému, aux valeurs démocratiques et particulièrement à la liberté d’expression.

Les dirigeants africains font preuve d’un deux poids deux mesures qui indique, malheureusement, d’une part qu’ils sous-estiment la conscience politique et l’esprit critique de leurs populations et d’autre part qu’ils affirment la supériorité de certaines vies sur les autres. À travers une mobilisation massive et continue des médias, de la société civile et des populations, nous pouvons dénoncer ces comportements. À l’image de la France qui affirme son unité et sa solidarité en ces jours de tragédie nationale, nous devons compter sur nos propres forces et ressources pour redonner aux victimes de violences de masses qui prennent place sur le continent, la visibilité et la mobilisation qu’ils méritent.

Aissatou Dosso

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