
Unicef Côte d’ivoire
Au 1 décembre de chaque année se tient le #WordsAIDSDay – Journée mondiale de lutte contre le Sida – et les histoires sur le continent démontrent l’importance d’informer sans discriminer. De conscientiser sans stigmatiser. De prendre en charge sans marginaliser. Afin d’éviter la propagation du virus par honte, par ignorance ou par négligence volontaire. Cela dit, il convient de se demander : Combien de Karidja sont contaminées sans le savoir? Combien d’enfants naissent séropositifs, avec un destin hypothéqué ? N’est-ce pas un droit fondamental de naître libre et en situation d’égalité ? Qu’en est-il lorsque de mauvaises décisions, en amont, viennent relativiser davantage ce principe universel ?
540 000 enfants ivoiriens sont orphelins et vulnérables du fait du VIH/SIDA, 40 000 vivent avec le VIH, et plus de 16 000 sont infectés chaque année. Malgré cette situation alarmante, seulement 4000 enfants sont suivis pour le VIH/SIDA et 2000 bénéficient d’une prise en charge par les Anti-Rétroviraux (ARV)
Il faut conscientiser, accompagner, les personnes porteuses du virus face aux risques de transmissions, mais faut-il aller plus loin… pénaliser les pratiques à risques, communément appelés « l’exposition au VIH et sa transmission »?
Cela fait une décennie que la frénésie législative sur la question a été enclenché. Projets de loi, loi-cadres, véritables lois criminalisantes dans des pays comme le Niger, le Togo, la Guinée Bissau, basée sur la loi type de Ndjamena sur le Sida … toutefois, comme souvent en Afrique, sont inscrits à l’agenda législatif des enjeux non identifiés par nos éluEs et/ou populations, mais imposés/appropriés par mimétisme par les organisations internationales ou les pays Occidentaux, une fois le momentum passé, que sont devenues ces (projets de) lois ? Souvent restés sous forme de dessein, de vœu pieu, ou de loi velléitaire ! Il conviendrai, aujourd’hui, de faire un post-mortem dans les pays ayant adopté de tels lois, et en tirer les enseignements, pratiques exemplaires, pistes d’améliorations …
La criminalisation soulève des questions d’ordre éthique, morale et législative. Un de ces effets pourrait être la double-peine sociale et juridique, découlant sur une marginalisation aggravée des porteurs du virus. Autant de question qui demande une démarche législative participative et inclusive, dans laquelle la société civile est partie prenante !
Recevoir un diagnostique de séropositivité est souvent perçu comme une condamnation à mort, une malédiction, une injustice … Ainsi, un premier pas est sans doute la dé-diabolisation de la séropositivité dans les sociétés africaines, l’accès accru à l’information, une meilleure prise en charge – particulièrement psychologique – des personnes séropositives et enfin l’accompagnement des couples discordants (couples dont l’un des partenaires est séropositif)
Enfin, pendant que ce tient à Abidjan du 4 au 9 décembre, la 19e rencontre de l’ICASA – Conférence internationale sur le sida et les IST en Afrique – il convient de s’interroger sur les raisons du retard de réponse et de la timidité des résultats en Afrique de l’Ouest et Centrale sur la question de la lutte contre le VIH.
À lire, pour aller plus loin : http://www.aidslaw.ca/site/wp-content/uploads/2014/06/Crim-francoAfrica_143-FR.pdf