‘Frontières’ d’Apoline Traoré : sur les routes du féminisme, de la citoyenneté et de l’intégration régionale

Nous sommes allés voir le film Frontières, sorti en salle ce mardi 24 octobre à Abidjan. Ce long métrage d’Apolline Traoré, réalisatrice burkinabé, est un chef d’œuvre féministe qui aborde avec justesse les multiples défis de la mise en œuvre d’un espace de libre circulation des biens et des personnes dans l’espace CEDEAO. En nous transportant sur les routes ouest-africaine, allant du Sénégal jusqu’au Nigéria, en passant par le Mali, le Burkina Faso et le Bénin, la réalisatrice nous raconte, entre humour et tragédie, l’histoire de quatre femmes commerçantes.

Un film sans prétention, simple. Mais a grande porté, efficace, qui mérite le déplacement.

 

1. Une œuvre féministe. Avec les têtes d’affiche, c’est un pari gagné d’avance.

La magnifique Naky Sy Savane était en lise pour le prix de l'interprétation féminine et à gagner le Prix du meilleur second rôle féminin. 

Les actrices principales exécutent leurs rôles avec brio. Tantôt en désaccord, tantôt complices, l’histoire nous porte dans les relations fortes que les femmes tissent entre elles dans l’adversité. La solidarité féminine est mise de l’avant comme une solution contre l’agresseur. Malgré les multiples violences qui y sont dénoncer, les actrices demeurent des figures fortes et fières, usant de créativité et d’ingéniosité pour défier l’insécurité constante à laquelle elles font face durant le déplacement et aux frontières. C’est un film qui célèbre le courage des femmes qui bravent des conditions violentes pour subvenir aux besoins de leurs familles. Le commerce des femmes est un pilier de l’économie régionale et ce film nous le démontre bien!

2. Une œuvre ouest-africaine. Le film débute à la frontière du Sénégal et du Mali et se poursuit jusqu’à l’arrivée à Lagos.

Il soulève toutes les caractéristiques de cet espace hétérogène : la diversité culturelle et linguistique (francophones et anglophones dans oublié les lusophones). Il sensibilise sur la question de l’intégration régionale de la zone CEDEAO, zone de libre-échange où la corruption, les problèmes de gouvernance et de sécurité constituent une barrière à la libre circulation des personnes et des biens.

Une réussite du film est de parvenir a questionner la réalité et la pertinence même des frontières physiques. Ces quatre femmes de différents « pays », se distinguant par le tracé de leurs frontières, ont développe une sororité qui transcende toutes barrières.

3.Une œuvre citoyenne. Qui dénonce tragiquement la vérité sur méthodes frauduleuse, mafieuse et violente auxquelles ont recours les agents douaniers et policiers aux frontières.

Allant des fausses taxes au harcèlement sexuel, les agents douaniers usent de leurs pouvoir pour remplir leurs poches au détriment d’une économie régionale plus solide.

Elle démontre également le pouvoir du Système D(ébrouillardise), qui parvient au travers de petites innovations frugales, à empower, accroître la résilience de la/le citoyenNe,  face au lot de vol, viol, abus de pouvoir, ‘coupeur de route’, corruption endémique …

Enfin, récipiendaire de deux prix spéciaux au FESPACO 2017 – Le prix Cédéao de l’intégration pour le meilleur film ouest-africain, ainsi que le prix Félix Houphouët-Boigny –  le road movie*Frontières‘ a su conquérir le coeur des jurys et de notre salle.

 

*Le Road movie (film routier) est un genre cinématographique, dont la route et la voiture sont au coeur et symbolisent la liberté, la découverte, la modernité.

(lire plus : Road movie )

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